Qui es-tu vraiment ?

Je pense parfois à l'émancipation comme un geste qui ne s'arrête jamais, plutôt qu'une destination. Défaire les scripts qu'on nous a donnés, reconnaître ces voix intérieures qui ne viennent pas vraiment de nous, démêler ce qu'on désire de ce que la norme attend sans qu'on s'en rende compte.

Foucault disait que le pouvoir moderne ne fonctionne plus par l'interdit mais par la normalité. Plus d'interdiction frontale, juste des incitations subtiles à s'optimiser, se développer, s'épanouir dans des cadres déjà tracés. On se croit libre de choisir parmi des options déjà circonscrites.

Butler, elle, montrait que nos identités ne sont pas des essences figées mais des performances répétées jusqu'à devenir automatiques. On joue un rôle si souvent qu'on finit par croire qu'on est ce rôle.

Reste cette question : qui suis-je quand je ne performe plus rien pour personne ?


M. Foucault (1975). "Surveiller et punir"

J. Butler (1990). "Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity"